Au 15ème siècle, la paroisse de Saint Ennemond est démembrée entre Cercié et Saint-Jean-d'Ardières.
Un ou deux moulins alimentaient en farine les habitants du dit lieu. ( Naissance d’un grand vignoble. Gruter PU Lyon 1977 ). Je n’ai pas retrouvé les traces de ces moulins situés sur l’ancien cours de l’Ardières vers le «Pré Tané».
Les moulins à eau sont très anciens. Dès le Moyen-Age, à Cercié, le moulin «du Pré du Moulin» est mentionné en 1267. (POS de Cercié ).
La carte de Cassini ( n° 86 ), dressée pour notre région, dans le deuxième tiers du 18ème siècle n’en mentionne plus que deux sur la paroisse de Cercié. Le moulin des Tuilières, cité dans le POS, et un, non nommé.
Ces deux moulins sont entourés d’un O sur l’extrait de la carte.
Le moulin Mazuy nommé au-dessus de Cercié est en fait le moulin de Serrières ou Dupras, à Saint-Lager.
Regardons des extraits du cadastre napoléonien de 1810 ( A D Rhône 3P 036-300 ), Section des «Crozes»
Le moulin Mazuy se trouve sur la parcelle n° 9.
Notez le pré «Mazuyer» au-dessus ( parcelle n° 2 ). C’est peut-être lui qui a donné le nom au lieu dit «le Mazuyer».
En 1863, nommé Moulin Mazoyer, il est équipé de deux roues en dessus qui actionnent deux paires de meules pour moudre du blé.( A D Rhône S 862 Etat Statistique des irrigations et des usines sur les cours d’eau non navigables).
Dans le recensement de 1872, Charles Puget en est le meunier, il l’exploite avec sa famille et un domestique. Ce moulin n’apparaît plus dans le recensement de 1906.
Essayez de retrouver la trace de cet ancien moulin.
Toujours sur le cadastre Napoléonien, même Section, les «Crozes».
A l’Ouest de la commune, parcelle n°147, nous retrouvons au-dessus du Pré du Moulin, le Moulin de la Terrière.
En étudiant les anciennes matrices cadastrales de Cercié ( A D Rhône 3P 036 1 à 5 ) à partir de 1810, j’ai noté les différents propriétaires de ce moulin.
Jusqu’en 1837, le propriétaire est un nommé Delapape de Lyon. Le moulin est acquis en 1843, par le sieur de la Ferrière à Odenas. Il fait parti de la succession des Charpin de Feugerolles, propriétaires du château de Pierreux à Odenas, en 1888.
Jean Pommier, arrière-grand-père maternel de Bernard Tondu, actuel propriétaire, était meunier, gérant de ce moulin depuis plusieurs années lorsqu’il en fit l’acquisition vers 1888. Depuis cette date le moulin est resté dans la famille.
Jean Pommier, qui fut maire de Cercié, décède en 1912. Son fils Jean, l’exploitera jusqu’en 1947. Puis le gendre, de ce dernier, Albert Tondu, le fera tourner jusqu’en 1976, avant de le laisser, à son fils Bernard.
Quelques précisions techniques: En 1863, selon l’Etat statistique précédemment cité, ce moulin à blé, est doté de deux roues de dessus, actionnant deux paires de meules.
Comme tous les moulins du cours aval de l’Ardières, le moulin «chôme» en moyenne 4 mois par an. De plus il doit s’arrêter 48h par semaine pour permettre l’irrigation des prés.
Vous remarquez, sur l’extrait du cadastre, que la prise d’eau se fait bien en amont du moulin, sur la rive droite de l’Ardières, grâce à un barrage dit de «Durette» ( sur la commune de Durette ).
Le bief d’alimentation «enjambe» le ruisseau des Sansons, avant d’arriver à la retenue du moulin.
La sortie elle, se fait dans un bief qui permettait d’irriguer toutes les prairies de la rive droite, avant d’alimenter la retenue du moulin Mazuy. D’où l’appellation du lotissement du «Pré du Bief».
Pour pallier aux périodes de chômage, les moulins s’équipèrent à la fin du 19ème siècle de chaudière à vapeur, capable d’actionner les meules, par l’intermédiaire, ou non, d’une génératrice.
Sur la carte postale, le moulin est flanqué à gauche, d’un petit bâtiment qui abritait une chaudière à vapeur. Ici en action, la cheminée fume. Cette installation fut remplacée au début des années 30 par un moteur à huile lourde, encore utilisé en 1954, comme précisé dans l’Annuaire de la meunerie française.
Actuellement l’électricité peut pallier le manque d’eau en actionnant l’unique roue de 3,40m de diamètre.
La carte semble affranchie en 1939, mais elle est antérieure, puisque au début des années 30, Madame Tondu, alors encore petite fille, se souvient qu’elle jouait, avec des camarades, dans le petit bâtiment désaffecté.
Son père, Jean Pommier, que l’on aperçoit debout à la porte-fenêtre de l’étage, y rangeait sa voiture.
Je remercie Madame Tondu et Bernard, d’avoir bien voulu me donner les précisions que les archives ne pouvaient me fournir, et J.J.Marcellin pour cette carte si peu connue du moulin.